Enzo Himura, nouvelle version

Sombre. Ce gamin est sombre. Il n'aime pas rire, ni sourire. Il n'aime rien ni personne ( enfin ça, c'est ce que tout le monde croit ! ). Il ne parle que très peu, et aux premiers abords, peu passer pour psychopathe en cavale. Il a ( presque ) tout le temps un regard menaçant et fait assez peur aux passants, car il ne prend même pas le temps de les regarder.
Mais pour dire ce qu'il en est réellement, c'est Enzo qui a peur des autres: il est très renfermé sur lui même et à tendance à ne pas vouloir créer de liens pour ne pas être déçu: pendant longtemps il a évité de se faire des amis pour ne pas avoir à subir une éventuelle perte ou pire, une trahison. Mais quand il décide d'aimer quelqu'un, ça n'est pas pour faire semblant. En général, c'est lorsqu'il est persuadé que cette personne n'a pas un mauvais fond qu'il décide d'ouvrir son cœur et de s'abandonner à la passion ou autre, car il a un instinct qui ne le trompe jamais. Il connait par cœur le comportement humain et sait comment se comporter dans n'importe quelles situations. Bien qu'il soit plutôt renfermé, il n'hésite parfois jamais à faire usage de sarcasmes et de remarques grinçantes vis à vis d'individus qui le rendraient amer. Il n'aime pas donner son avis en général, mais lorsque la personne face à lui fait preuve d'un orgueil et d'un manque de modestie flagrante, il ne se retient pas pour le faire revenir sur terre. Telle est sa façon de voir les relations entres humains : un respect mutuel, qui se forge dans la confiance et la sincérité. Il est effectivement de nature très sincère, et déteste mentir la plupart du temps. De toute manière, de par sa nature introvertie, il n'a pas beaucoup l'occasion de réaliser d'échanges verbaux.
Ensuite, sur le plan physique, ce garçon est moche, très moche.
Plus sérieusement, Enzo est un jeune garçon de seize ans avec une peau de bébé et un visage vraiment très doux, de forme ovale et caché ses cheveux. C'est par son caractère qu'on peut le trouver moche, car ce ne sont que dans de très rares occasions qu'il est possible de distinguer un sourire ou même un rictus dans le coin de ses lèvres. Mais lorsque l'on regarde de plus près, Enzo est un jeune garçon vraiment charmant, dans tout les sens du terme : il a une petite bouche semblable à une petite pêche et des yeux d'un bleu saisissant que lui seul trouve affreux et particulièrement trop féminin. Ses cheveux, d'une couleur approchant le bleu foncé, son coupés court vers l'arrière mais une longue mèche subsiste, semblable à une queue de cheval. De nombreuses autres mèches lui tombent sur son visage, cachant par moment la nostalgie qui inonde son cœur et qui se voit dans son regard: la nostalgie de vouloir retrouver quelqu'un à aimer.

On ne peut pas dire que ce jeune garçon ait fait un jour partie de la haute société, mais il connait les bonnes manières, même s'il n'en fait usage que très peu de fois. Souvent, enfant, lorsqu'il se faisait embêter par ses, on va dire « camarades », il n'usait jamais de la violence pour s'en sortir et se contentait d'user de son éloquence et d'une avalanche de mots pour les faire fuir. Avec le temps, il a gagné en marginalité et se retrouvait de plus en plus seul, éloigné de tout groupe d'enfants, à cause de son incapacité à se faire aimer. Arrivé au collège, on pouvait l'apercevoir dans un coin de la cours, seul, ne s'amusant pas, et préférant la tranquillité, assit sous l'ombre d'un arbre en attendant que les cours daignent enfin se terminer.
Bien qu'il ait toujours aimé les ballades dans la nature avec pour seule amie cette dernière, cette solitude lui pesait de plus en plus, mais paradoxalement il finit par ne plus avoir envie de garder n'importe quel contact avec qui que ce soit : il s'éloigna progressivement de tout les autres enfants, et préféra demander à son tuteur, Salomon, de bien vouloir lui accorder des cours par correspondance, lui permettant ainsi de rester à la maison en compagnie de la seule personne de confiance de son entourage. Jusqu'au jour où, au détour d'une de ses ballades dans les collines aux environs de son domicile, il rencontra une jeune fille, vraiment mignonne, à la douceur presque maternelle. Après avoir décidé de faire le tour de la forêt, il la croisa, perdue sur un chemin, pleurant seule avec dans ses bras son unique compagnon, un petit canard en peluche. Bien que réticent à l'idée de lui adresser la parole, il ne pouvait pas se résoudre à lui passer à côté sans l'aider à retrouver son chemin, et entama une discussion. Cet acte, somme tout à fait banal pour un individus lambda, était une épreuve pour le jeune garçon, mais épreuve qu'il franchit alors haut la main, sans se douter que ce petit geste anodin allait bouleverser sa vision des choses.
Ils étaient encore très jeunes, mais l'enfant était déjà dotée d'une empathie incroyable que Enzo remarqua immédiatement. Cette générosité, que Enzo n'avait encore jamais vu de la part de ses camarades de classe et de ses professeurs, toucha profondément le jeune garçon qui devint pour la première fois l'ami de quelqu'un. C'était aussi la première fois qu'il se sentait bien auprès de quelqu'un autre que son tuteur, surtout auprès d'une fille. Sa vie avait changé du tout au tout, et il commençait à s'ouvrir petit à petit, découvrant de nouveaux sentiments humains dont il n'aurait jamais soupçonné l'existence. Il pensait se connaitre par cœur mais découvrit que la nature humaine était bien plus complexe que ce qu'il pensait. Il se rendit alors compte qu'il éprouvait sûrement de l'amour pour cette jeune fille, malgré leur jeune âge où ce genre de sentiment est toujours très volatile. Elle n'était pas non plus insensible à l'innocence du garçon qui aurait fait n'importe quoi pour elle. Ils étaient devenus inséparables, et leur relation suscita la jalousie mais aussi les moqueries des autres enfants : en effet, la jeune fille était dans le même établissement scolaire que Enzo, et comme lui, n'avait pas d'amis. Sa trop grande gentillesse faisait d'elle la proie idéale des garnements avides de petites blagues et autres moqueries vis à vis de sa nature tête en l'air, rêveuse et naïve. Elle était très souvent liée à des affaires sordides de toilettes inondées, de casiers cambriolés, mais aussi de vols de fournitures, la mettant systématiquement dans des situations problématiques. Mais seulement, Enzo n'avait jamais eu vent de ces histoires, et la jeune préféra garder le silence pour ne pas provoquer la colère de son ami. Tout les deux formèrent un duo atypique, et ils se promenèrent régulièrement ensemble, main dans la main, sous les yeux des autres enfants qui lancèrent des moqueries toujours de plus en plus stupides.
Seulement un jour, jour funeste et qui marqua le début d'une descente aux enfers pour le jeune garçon, un évènement vint perturber le petit paradis du bonhomme : son amie dut quitter la ville pour déménager à l'autre bout du pays, ses parents devant se déplacer pour leur travail. Dans un premier temps, Enzo refusa d'entendre cette histoire, allant même jusqu'à fuguer pour aller se réfugier dans les montagnes. Les connaissant comme sa poche, il pouvait y séjourner plusieurs jours sans problèmes. Mais n'arrivant plus à se passer de son amie, il tenta de l'aborder directement chez elle. Quelle ne fut pas se surprise de voir la réaction de cette dernière : à peine eut-il passé la fenêtre qu'elle se jeta dans ses bras et l'embrassa tendrement, lui répétant à l'oreille qu'elle ne voulait pas partir, qu'elle refusait de quitter cette maison et d'être séparée de lui de manière indéfinie. Enzo eu la chance de donner son premier baiser à l'unique personne qu'il n'ai jamais aimé, et la serra fort dans ses bras pendant de longues, très longues minutes.
Tout les deux finirent par fuguer et à se réfugier ensemble dans les montagnes, mais l'inquiétude des parents était telle que la police ne tarda pas à effectuer des recherches partout autour de la ville. Il ne fallut que de très peu de temps aux forces de l'ordre pour retrouver les deux enfants alors isolés dans un petit cabanon, au fin fond de la forêt, au beau milieu de la nuit, où ils avaient élu domicile depuis moins de trois jours. Les adultes ainsi présent séparèrent violemment les deux jeunes amoureux qui hurlèrent jusqu'au petit matin, les suppliant de ne pas les séparer. Mais c'était peine perdue : les parents de la jeunes fille partirent aussitôt leur fille retrouvée, et ne lui laissèrent pas le temps de dire au revoir à son jeune amoureux, alors complètement abattu par la nouvelle de son départ.
Après ces évènements, Enzo fut très mal vu par les habitants de la ville, qui le qualifiaient de "petit pervers" pour la plupart, voir plus souvent "d'imbécile" pour avoir, soit disant, risqué la vie d'une petite fille sans penser une seule seconde aux conséquences possible d'un tel acte. La séparation fut si brutale que même dix ans après, il a encore du mal à s'en remettre. Il est depuis d'avantage distant, encore plus muet, mais bien plus sarcastique et méchant : en effet, cette faveur que les autres n'ont jamais put lui accorder, alors qu'elle ne coutait vraiment pas grand chose ( à savoir, dire au revoir une dernière fois à sa bien aimée ), pèse toujours très lourd sur le cœur de Enzo que le fait payer à qui le chercherait. Même dix ans après, il reste encore très attaché à cette enfant, qui pourtant, à cause des années, disparait peu à peu de sa mémoire, faisant disparaître jours après jours ce visage si net dans ses souvenir, pour petit à petit laisser place à une image de plus en plus floue, depuis peu sans nom : l'oubli est la plus grande crainte de Enzo, est il s'est juré de mettre fin à ses jours le jour où il ne parviendrait plus à se souvenir d'elle. L'unique chose lui permettant de se raccrocher à ses souvenirs encore présent reste le canard en peluche qu'elle lui a confié avant leur séparation...